Le pluralisme et la pandémie: Paix et conflit

Paix et conflit

Certaines régions touchées par le conflit ont vu des signes positifs de cessez-le-feu à la suite des perturbations du coronavirus. Toutefois, la durabilité de ces trêves s’effrite déjà. Dans ces zones, l’autorité politique et la confiance publique sont souvent faibles et les infrastructures de santé sont inexistantes ou mises à rude épreuve. Par conséquent, la pandémie va probablement causer des dommages plus importants, particulièrement au sein de groupes qui vivent déjà dans des situations précaires dues au conflit, comme les déplacés internes, les réfugiés, les groupes minoritaires, les femmes et les enfants.

Aujourd’hui plus que jamais, le pluralisme doit être au cœur des efforts de rétablissement de la paix – pas seulement pour les médiateurs, mais pour tous les domaines d’expertise, les dialogues et le soutien qui sont consacrés à l’établissement de la paix. Pour assurer la protection et la stabilité à long terme de différents groupes, le rétablissement de la paix devrait être fondé sur la compréhension des impacts de la pandémie et des efforts de rétablissement sur les inégalités horizontales et les griefs.

Même là où la violence n’est pas une menace actuellement, des situations de crise et de privation – comme une pandémie – peuvent alimenter le conflit entre les groupes, particulièrement si des tensions sous-jacentes existent déjà. La perception d’une distribution inégale des services en plus des désavantages et de la précarité économiques peut avoir d’autres répercussions sur les relations entre les groupes. Au fil du temps, l’effet cumulatif peut entraîner une aggravation du conflit et même de la violence.

Une autre tendance troublante observée un peu partout dans le monde est l’utilisation du coronavirus comme prétexte pour discriminer et porter atteinte aux droits de la personne. Aux É.-U., en Inde, en Ouganda, le virus a été utilisé pour cibler et transformer en boucs émissaires certains groupes déjà victimes d’exclusion sociale. Les préjugés peuvent être attisés par les dirigeants politiques qui cherchent à semer la zizanie entre des groupes pour en récolter un avantage politique, ou sur les réseaux sociaux où les théories conspirationnistes sont devenues incontrôlables. Au fil du temps, cela peut créer une acceptation sociale à l’égard de l’expression ouverte des discours haineux et des actes qu’ils entraînent.

Dans cette section, nous examinons les conséquences de la pandémie sur les efforts de rétablissement de la paix et de prévention du conflit puisqu’elles se rapportent aux inégalités entre les groupes. Nous nous demandons comment résoudre l’exclusion et les violations des droits de la personne qui sont exacerbées par la pandémie, tant dans des contextes pacifiques que dans des contextes de conflit. Nous évaluons également comment mobiliser les efforts collectifs pour ouvrir la voie à une plus grande cohésion sociale.