COMMENT LES ÉCOLES CANADIENNES PEUVENT-ELLES AGIR CONCRÈTEMENT?

Deena Kotak-Buckley, directrice de l’enseignement auprès du conseil scolaire de Vancouver, et Lise D’Entremont, conseillère pédagogique auprès de deux écoles à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, ont donné des exemples du contexte pédagogique dans lequel elles ont réalisé leurs initiatives respectives dans la dernière année. Afin d’aborder les recommandations 3 et 4, Deena a souligné que dans le conseil scolaire de Vancouver, « chaque code de conduite possède maintenant un énoncé qui dit que le racisme ne sera pas toléré dans nos écoles ». De plus, le conseil a offert une formation antiraciste au personnel de l’ensemble de son système : 8 500 personnes, dont les administrateurs, les directions, le personnel enseignant et non enseignant. Cette formation est animée par la conseillère en matière d’antiracisme et d’inclusion Destine Lord, une des animatrices de notre atelier de perfectionnement professionnel (PP) que nous avons offert à l’été 2020, et également membre du groupe de spécialistes de ce webinaire.

Lise a parlé de la formation antiraciste offerte par Destine dans les deux écoles où elle travaille à Dartmouth et de la façon dont ses collègues s’en sont servi comme occasion d’aborder des incidents précis qui se sont déroulés en classe. Elle a souligné que les enseignantes et enseignants devraient être des modèles pour leurs élèves et que le travail pour devenir antiracistes est difficile et continuel, et que cela ne se produira pas du jour au lendemain ou en ne faisant qu’un atelier de formation. Elle a également affirmé que ce travail nous fera vivre des moments de malaise, mais que nous devrions l’accepter avec vulnérabilité et ouverture.

En faisant référence à la recommandation 5, Destine et Elsa Mondésir Villefort, conseillère en engagement civique, également une des animatrices de notre atelier estival de PP, ont toutes deux mentionné que le système pédagogique doit accorder une place centrale aux expériences et aux voix des élèves noirs. Travaillant auprès d’organismes communautaires et jeunesse au Québec, Elsa a également noté que les solutions de lutte contre le racisme anti-Noirs devraient toujours être mises en place par et pour les jeunes. Les réflexions de Destine soulignent que le travail antiraciste devrait être pratique. Elle explique que « malgré l’importance de la théorie, cette dernière n’a aucun sens pour les gens si on ne leur propose pas des façons et des moyens concrets pour voir comment ils peuvent participer au changement ».

Notre cinquième panéliste, Ernest Edmond, cofondateur de l’organisme montréalais à but non lucratif Les Ballons intensifs, qui organise des programmes sportifs pour les jeunes issus de contextes marginalisés, a abordé la recommandation 4. Ernest a parlé de l’importance de faire appel aux membres de la communauté, particulièrement ceux issus de contextes racialisés, dans les écoles. Il est important que les membres de la communauté puissent partager leur propre expertise pour lutter contre le racisme anti-Noirs dans les écoles, car ils peuvent aider les élèves à le comprendre et à en parler. Il a également noté qu’un contexte sportif plus détendu qui se situe en-dehors du système pédagogique formel peut aider les élèves à parler de leurs expériences personnelles du racisme. Enfin, il a également souligné la participation essentielle des parents, particulièrement ceux des élèves racialisés, puisqu’ils amènent une perspective importante dont nous tenons souvent peu compte.

PRINCIPAUX THÈMES DE LA DISCUSSION ET QUESTIONS DU PUBLIC

• Il n’est jamais trop tard pour commencer une formation sur le racisme anti-Noirs – elle peut commencer aussi tôt que la petite enfance et nous ne devrions pas attendre que les élèves soient au secondaire; elle doit également être renforcée à la maison.
• Pour lutter contre le racisme envers les Noirs et envers d’autres groupes, il faut décoloniser le programme et reconnaître l’histoire vécue et les contributions des Noirs et des peuples autochtones.
• Une vérification de l’équité devrait être un outil utile dans les écoles, car elle soulignerait les aspects manquants du programme, du matériel pédagogique, des politiques, etc.
• Le travail antiraciste demande un équilibre entre « inviter » les gens à faire un cheminement personnel en ce sens et « dénoncer » les gens qui ne le font pas.
• Lutter contre le racisme anti-Noirs ne minimise pas les autres formes de racisme ou d’oppression, mais sert de point de départ à ces importantes conversations.
• Bien qu’il puisse être déroutant de trouver par où commencer le travail antiraciste, il est essentiel d’agir maintenant, en prenant ne serait-ce qu’une ou deux mesures concrètes.

Pour conclure, et pour faire référence aux deux derniers points, Destine a souligné que « plus nous nous interrogeons sur le bon point de départ et plus nous nous demandons si cela est juste et si nous mettons quiconque de côté, plus la suprématie blanche et le racisme l’emportent. Et notre but est toujours de tendre vers l’antiracisme ».

Regardez l’enregistrement du webinaire ici.

Veuillez noter que cet événement bilingue présente des panélistes anglophones et francophones. La vidéo sera sous-titrée dans les deux langues d’ici quelques semaines.

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