Pleins feux sur le paysage médiatique ghanéen à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse


Date de parution: mai 2023

Le paysage médiatique ghanéen a gagné en dynamisme et en diversité depuis l’abrogation de la loi sur la diffamation criminelle et les écrits diffamatoires séditieux. Cette loi permettait de poursuivre les journalistes qui s’exprimaient contre le gouvernement. Son abrogation ne saurait être sous-estimée. Elle a permis à de nouvelles générations de journalistes et de professionnels des médias de demander au gouvernement ghanéen de rendre des comptes à son peuple. La diffusion des journaux et des stations de radio dans les langues locales a également joué un rôle important dans la promotion de l’engagement des médias au Ghana. Depuis le début des années 2000, les stations de radio et de télévision commerciales qui diffusent principalement dans les langues locales et/ou autochtones sont devenues populaires et plus communes. Les stations de radio communautaires et d’autres formes de médias électroniques permettent aux Ghanéens de participer au débat civil.

Toutefois, le Ghana doit encore surmonter des obstacles pour parvenir à une représentation complète et pluraliste des médias et des agences de presse. Bien que les journalistes ne soient plus persécutés par l’État lorsqu’ils critiquent le gouvernement, les personnalités influentes telles que les chefs religieux s’abstiennent souvent d’exprimer leur opinion par crainte d’être victimisés et vilipendés par les partis politiques. Les espaces médiatiques sont dominés par des voix privilégiées, excluant systématiquement les femmes, les personnes en situation de handicap et les personnes vivant en dehors des principaux centres urbains tels qu’Accra, la capitale.

Au lieu de faire entendre les voix des groupes marginalisés en raison de leur genre ou de leur appartenance ethnique, sociale et/ou politique, les médias ghanéens ont reproduit et renforcé les préjugés à leur encontre. Par exemple, lorsque les médias abordent la question de la violence à l’égard des femmes, ils ne font souvent pas le lien avec le vaste contexte social qui favorise cette violence. De même, les histoires concernant les bergers foulanis (nomades ou semi-nomades) ont tendance à mettre l’accent sur la criminalité, soulignant ainsi les préjugés négatifs à leur encontre.

Si le Ghana a progressé dans le renforcement et la protection des droits des journalistes, il lui reste encore du chemin à parcourir avant de parvenir à une totale liberté de presse. L’accès à des informations fiables est devenu de plus en plus important à l’ère de la numérisation, des fausses nouvelles et des campagnes de désinformation.

Cette année, le thème de la Journée mondiale de la liberté de la presse met l’accent sur le rôle de la liberté d’expression en tant que moteur de tous les autres droits de la personne. Des efforts supplémentaires doivent être faits pour que les médias ghanéens représentent les voix, les intérêts et les préoccupations des populations déjà vulnérables en raison de la discrimination systémique et de l’exclusion sociale. La liberté de la presse, la liberté d’expression ainsi que l’indépendance et la diversité des médias sont autant d’éléments essentiels pour bâtir des sociétés pluralistes qui respectent et défendent les droits de la personne pour tout un chacun.

Pour en savoir plus sur l’importance du pluralisme dans le secteur des médias au Ghana, consultez le rapport du Moniteur mondial du pluralisme sur le Ghana (en anglais).

 

Un article de blogue d’Andrea González, agente de programme, analyse mondiale.

(Image : Rajvir Gill, agente de programme, analyse mondiale, discute avec des membres de la société civile à Accra, au Ghana, au sujet du rapport du Moniteur mondial du pluralisme pour le Ghana.)