Là où la promenade Sussex rencontre la Kichi Sibi

Histoire et pluralisme au 330, Sussex

Un rapport historique

À la lumière des efforts pour parvenir à la réconciliation entre les Canadiens autochtones et non autochtones, en 2021, le Centre mondial du pluralisme a commandé une recherche historique, selon une perspective autochtone, de la rivière et du territoire entourant son siège social à Ottawa. En raison de sa place privilégiée au cœur de la capitale nationale, il est important de comprendre les legs de cet emplacement, aussi douloureux soient-ils.

Nous avons demandé à Archipel Research & Consulting, une entreprise appartenant à des Autochtones et dirigée par des femmes, d’effectuer cette recherche. Malgré les preuves limitées sur la présence précoloniale à notre emplacement exact, au 330, promenade Sussex, ce rapport documente les nombreuses couches d’histoire reliées à ces environs.

Pour les peuples algonquins, dont le territoire traditionnel comprend le bassin hydrographique de la Kichi Sibi (rivière des Outaouais), le segment de rivière derrière le Centre mondial du pluralisme est à la fois un lieu sacré et une voie de transport vitale. Marqué par le croisement de trois voies navigables – les rivières des Outaouais, Rideau et Gatineau – ce site était un important lieu de commerce avec d’autres peuples des Premières Nations et, plus tard, avec des colons européens. Les forêts et les eaux de la Kichi Sibi, en plus de nourrir les Algonquins, ont une grande importance spirituelle et culturelle.

    Là où, jadis, nous nous nourrissions et nous célébrions
    Là où gisent les ossements de nos défunts
    Votre ville est née

    De City of Ottawa
    par l’aîné Albert Dumont
    de la Première Nation Kitigan Zibi Anishinabeg
    poète lauréat anglophone d’Ottawa

    Bien que la promenade Sussex abrite aujourd’hui la résidence du premier ministre ainsi que de nombreuses ambassades et institutions culturelles, comme le souligne ce rapport, ce site est marqué par la dépossession. L’histoire de l’édification du Canada en tant que nation, centrée à Ottawa depuis 1867, est également une histoire d’industrialisation, de colonisation et d’assimilation forcée des Premières Nations. Les Algonquins Anishinabeg sont maintenant dispersés en 10 communautés distinctes en Ontario et au Québec, mais ils continuent de revendiquer la propriété de leurs territoires traditionnels. Ottawa demeure un important site pour les rassemblements, manifestations, cérémonies et réveils culturels des Premières Nations.

    Nous reconnaissons que certains lecteurs non autochtones pourraient être bousculés par des affirmations, opinions ou paroles exprimées dans ce rapport. Au Centre, nous croyons qu’il est important d’entendre ces perspectives et de respecter la fermeté de ces convictions. Nous encourageons la discussion sur ces difficiles enjeux et croyons qu’aborder ce que la romancière Maaza Mengiste appelle « les bords rugueux et les complexités de notre histoire » est essentiel pour avancer vers un avenir inclusif et pluraliste.

    Ces résultats orienteront notre approche quant à la reconnaissance du territoire et nous aideront à définir notre participation dans le processus de réconciliation au Canada et dans les enjeux de l’indigénéité et du pluralisme à l’échelle mondiale. Nous espérons que les résultats pourront également servir aux établissements voisins, car ils abordent leurs propres liens avec l’histoire autochtone du Canada. S’il est une constante entre la perception autochtone et coloniale de ce site, c’est bien la reconnaissance de son pouvoir de connexion.

    Nous remercions Archipel d’avoir grandement bonifié notre compréhension de ce site. Nous remercions également l’aîné algonquin Albert Dumont pour le poème et la sagesse avec lesquels il introduit ce travail. Nous nous joignons à lui dans l’espoir que ce document nous inspire à « travailler ensemble pour bâtir une ville où tous les citoyens vivent en paix et en sécurité, confiant que chacun d’entre eux est traité avec respect et dignité ».

    Chi Miigwetch.

      Les opinions exprimées dans ce rapport sont celles des auteurs et autrices et ne représentent pas celles du Centre mondial du pluralisme et de son conseil d’administration.