Là où la promenade Sussex rencontre la Kichi Sibi

Un forum public sur les liens du 300, Sussex avec les histoires algonquines et coloniales

Alors que les Canadiens de partout au pays doivent composer avec les atrocités que cette nation a commises contre les Premières Nations, les Inuits et les Métis, le Centre mondial du pluralisme a choisi de creuser pour en savoir plus sur l’endroit où il se trouve. Le Centre a commandé une recherche historique d’une perspective autochtone sur la rivière et les territoires entourant le siège social d’Ottawa. Le rapport intitulé Là où la promenade Sussex rencontre la Kichi Sibi : histoire et pluralisme au 330, Sussex cherche à comprendre l’héritage colonial — si douloureux soit-il — lié à ce lieu.

Le 4 octobre 2022, le Centre mondial du pluralisme a coorganisé un forum public pour partager les résultats clés du rapport et les enjeux difficiles qu’il met en lumière. En partenariat avec les auteurs du rapport, qui font partie de l’équipe d’Archipel Research & Consulting, une firme appartenant à des Autochtones et étant dirigée par des femmes, les panélistes Kyrstin Dumont, Jennifer Ferrante, Sabre Pictou Lee et William Felepchuk ont souligné comment ce rapport peut être un point de départ pour mieux comprendre l’histoire de dépossession et les processus coloniaux dans la région de la capitale nationale. En compagnie de la secrétaire générale du Centre, Meredith Preston McGhie, les panélistes ont également abordé comment ce rapport peut favoriser une réconciliation significative avec la nation algonquine Anishinabeg.

Nous avons eu l’honneur de recevoir Jennifer Ferrante, une Algonquine de Pikwàkanagàn, qui a partagé une chanson sur l’eau, car les rivières près d’Ottawa (rivière des Outaouais, rivière Rideau, rivière Gatineau) ont joué un important rôle dans le processus d’édification nationale et devraient faire partie des efforts de réconciliation à Ottawa. Kyrstin Dumont s’est jointe à nous au nom de son grand-père Albert Dumont, un aîné de la nation Kitigan Zibi qui a écrit le poème « La Ville d’Ottawa » présenté dans le rapport. Kyrstin nous a fait l’honneur de lire ce poème lors de son mot d’ouverture, dans lequel elle s’est exprimée ainsi :

« En réfléchissant à ce poème, à cette chanson et aux nombreuses paroles que nous entendrons aujourd’hui, j’aimerais que vous pensiez à votre responsabilité en tant que colons au sein d’une société restructurée que nous pouvons bâtir ensemble. J’aimerais que vous pensiez et que vous réfléchissiez à la façon de faire front commun et de rebâtir ce pont détruit ».

Sabre Pictou Lee et William Felepchuk d’Archipel Research and Consulting ont abordé certains résultats du rapport. Dans l’ensemble, Là où la promenade Sussex rencontre la Kichi Sibi souligne que le processus d’édification nationale du Canada est également un processus de déshumanisation du peuple algonquin et de vol de ressources naturelles issues des terres et des territoires au profit des diverses industries ayant fondé cette ville.

Un résultat particulièrement frappant est que le mortier utilisé pour lier les briques des édifices parlementaires contient du sable issu de l’un des quatre lieux de sépulture algonquins confirmés dans la région. Cela signifie que les restes d’ancêtres algonquins pourraient se retrouver dans le mortier des édifices parlementaires. En tant que site à proximité, construit à la même période, dans le même style et avec des matériaux provenant des mêmes sources, il est fort possible que le siège social du Centre mondial du pluralisme contienne également des restes algonquins.

Vous pouvez regarder Sabre Pictou Lee et la secrétaire générale du Centre mondial du pluralisme, Meredith Preston McGhie, parler du rapport et de ses résultats clés dans la vidéo ci-dessous.

Ce résultat, bien que poignant, est extrêmement important, car il propage davantage cette connaissance déjà transmise oralement de génération en génération et de nation à nation d’un bout à l’autre du Canada. Mme Sabre mentionne que depuis la publication du rapport, toutes les personnes qui ont lu ou entendu ce fait ont la responsabilité de le partager et de constamment le reconnaître. Comme l’explique Sabre,

« Quand les choses sont dites, nous ne pouvons pas les effacer. Nous sommes responsables des histoires que nous entendons. Nous avons le devoir d’en tenir compte et de sensibiliser les autres ».

Le dialogue ultérieur entre les panélistes et le public a donné lieu à une conversation fructueuse sur la signification des processus coloniaux ayant entraîné la déshumanisation de la nation algonquine et le vol de ses ressources naturelles. Kyrstin Dumont nous demande de réfléchir et d’accepter la responsabilité quant à ce que cela signifie de nous situer sur un territoire autochtone, et d’accueillir ce malaise. Cet état de malaise nous offre l’occasion de créer une société qui peut être révolutionnée avec amour et respect, car reconnaître cette histoire est la première étape pour reconstruire et rebâtir une société inclusive pour tout le monde.

Pour écouter Meredith Preston McGhie et Sabre Lee Pictou parler du rapport à CBC Ottawa Morning, cliquez ici(en anglais)

Lisez le rapport au complet ici.

Conférencières et conférencier :

Sabre Pictou Lee

PDG, Archipel Research and Consulting; Mi’kmaq de la Première Nation d’Eel River Bar au nord du Nouveau-Brunswick. Sabre est une agente de liaison et chercheuse d’expérience.

William Felepchuk

Conseiller principal de recherche, Archipel Research and Consulting; Historien spécialisé dans l’histoire coloniale des Autochtones, chercheurs, géographe et sociologue établi à Ottawa.

Kyrstin Dumont

Algonquine de Kitigan Zibi; défenseure, éducatrice, mentore et facilitatrice de discussions sur son expérience en tant que jeune algonquine en contexte urbain

Jennifer Ferrante

Algonquine de Pikwàkanagàn; agente de liaison autochtone possédant plus de 15 ans d’expérience de travail auprès des peuples, des communautés et des organisations autochtones de la région d’Ottawa

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La vidéo de l’événement