Nous avons toujours de l’espoir pour 2020


Date de parution: février 2020

Zabeen Hirji

Conseillère de haute direction, Deloitte, et ancienne dirigeante principale des ressources humaines, RBC

Le très honorable David Johnston

Conseiller de haute direction, Deloitte, et ancien gouverneur général du Canada

Par : Zabeen Hirji, conseillère de haute direction, Deloitte, et ancienne dirigeante principale des ressources humaines, RBC
David Johnston, conseiller de haute direction, Deloitte, et ancien gouverneur général du Canada

Jusqu’à présent, 2020 ne se passe pas bien. La propagation du coronavirus aux quatre coins du globe se poursuit et la procédure de destitution au sud de nos frontières a entraîné nos voisins américains dans un bourbier de discours politique hideux. Cette année de tragédie et de détresse a été lancée par l’écrasement du vol 752 de l’Ukraine International Airlines Flight en provenance de Téhéran, qui a été un exemple choquant de la manière dont d’innocentes personnes sont directement touchées par l’expansion continuelle du conflit autour du monde. Les histoires individuelles des victimes de l’accident nous rappellent à quel point nous sommes tous interreliés. De nouveaux mariés qui revenant chez eux après avoir célébré leur mariage en Iran. De brillants étudiants retournant dans des universités d’un bout à l’autre du Canada pour poursuivre leurs études. La violence qui sévit à l’autre bout du monde peut frapper près de chez nous et le peuple canadien est très conscient que la douleur n’a pas de frontières.

Parallèlement, le grand soutien canadien envers les familles et les amis des personnes décédées a été remarquable. Par exemple, des milliers de Canadiens et de Canadiennes de tous horizons se sont réunis en souvenir des treize Edmontoniens faisant partie des personnes décédées, honorant ainsi les liens interculturels qui leurs sont chers et démontrant au monde que le confort et l’aide peuvent aussi traverser les frontières.

Nous savons d’instinct qu’approfondir notre compréhension et notre appréciation mutuelles repose au cœur des sociétés pacifiques. Plusieurs individus et organisations travaillent en ce sens dans le monde entier afin de consolider le respect et de libérer le potentiel de la diversité. En réfléchissant à leurs réalisations, nous restons positifs quant à l’année 2020. Toutefois, nous avons plus que jamais besoin de ces histoires de réussite. Nous devons célébrer ces tendances et en tirer parti sans nous laisser décourager par les perturbations à l’échelle mondiale.

    Le Centre mondial du pluralisme, une institution canadienne qui favorise le respect de la diversité dans le monde entier, a salué quelques-unes de ces tendances avec son récent Prix mondial du pluralisme.

    En célébrant les actions de ces individus et de ces organisations avec le monde entier, nous pouvons découvrir de nouvelles connaissances et créer des approches innovantes aux défis qui se présentent. Nous ne favoriserons pas l’expansion du progrès social et ne contrerons pas l’exclusion à moins de pratiquer la diplomatie du savoir de cette manière, c’est-à-dire d’une discipline, d’une frontière et d’une différence à l’autre.

    Par exemple, un réseau transfrontalier d’enseignants ouvre la voie dans les Balkans pour aider les étudiants et les étudiantes à aborder l’histoire douloureuse et controversée des guerres yougoslaves des années 1990.

    Un autre exemple inspirant est celui de Zohra, le premier orchestre entièrement féminin de l’Afghanistan qui a été formé par l’Institut national de musique afghane et qui est dirigé par Negin Khpalwak, 23 ans et première chef d’orchestre féminine du pays. Sous le régime taliban, la musique était totalement interdite et les femmes avaient peu d’occasions éducatives. Maintenant, l’ensemble Zohra est invité à jouer dans le monde entier.

    Au Liban, la Fondation Adyan, une ONG, a lancé une série de vidéos en ligne montrant des gens de différentes religions qui interagissent les uns avec les autres et qui en apprennent davantage sur les croyances d’autrui. Lors de la première année, les vidéos ont atteint 38 millions de personnes. Dans un pays où la religion a souvent divisé les gens, le travail d’Adyan visant à abattre les obstacles de nature culturelle et religieuse et à promouvoir l’ouverture à l’autre est crucial pour renforcer la paix.

    L’organisme français SINGA a créé une plateforme en ligne, CALM, à laquelle les citoyens français peuvent s’inscrire pour accueillir de récents réfugiés chez eux pour une durée de trois à douze mois. Comme l’ont fait de nombreux Canadiens et Canadiennes, plus de 2000 personnes ont accueilli des réfugiés de cette façon, tissant en cours de route, des liens d’amitié qui dureront toute la vie. Voilà un exemple utile de gens ordinaires qui créent des communautés accueillantes à une époque où les manchettes quotidiennes européennes ont tendance à mettre l’accent sur la xénophobie et la division au sein du continent.

    Plusieurs de ces organisations et de ces individus – tous lauréats du Prix mondial du pluralisme – ont jusqu’à maintenant travaillé dans l’obscurité, avec peu de ressources et de reconnaissance, risquant souvent de faire face à une réaction violente. Il est urgent que cela change.

    Au Canada, nous pouvons facilement ressentir un certain contentement. Nous vivons dans un pays qui accepte généralement que son tissu social soit enrichi par l’existence d’une multitude de cultures, de langues et de croyances. Tout en reconnaissant qu’il y a des lacunes et des échecs que nous devons régler sur une base quotidienne, dans l’ensemble, nous sommes fiers et fières, et nous célébrons le caractère multiculturel de notre peuple. Ce n’est pas le cas dans plusieurs régions du monde. Nous le savons : la diversité est un fait, mais l’inclusion est une action.

    Voices in Time de Hugh McLennan parle du travail assidu qu’il faut faire pour entretenir un jardin et de l’important rôle du jardinier : « Une civilisation est semblable à un jardin cultivé en pleine jungle. Comme les fleurs et les légumes poussent à partir de semences cultivées, les civilisations poussent à partir d’idées et de perceptions étudiées avec soin et examinées consciencieusement. Dans la nature, s’il n’y a pas de jardinier, les mauvaises herbes qui n’ont pas besoin d’être cultivées s’installent dans le jardin et le détruisent. »

    Pour s’assurer que 2020 change pour le mieux, engageons-nous à trouver les jardiniers et les jardinières compétents qui nous entourent, à les remercier et à leur demander : « Comment puis-je contribuer? ».