Siège social international

330, promenade Sussex

Bien que notre édifice soit actuellement fermé au public en raison de la COVID-19, nous encourageons les personnes à venir profiter de notre cour, de ses bancs, de ses aménagements paysagers et de ses points de vue patrimoniaux.

Le 330, promenade Sussex à Ottawa est un édifice emblématique canadien situé sur le territoire non cédé du peuple algonquin. Au cœur de la capitale nationale, à portée de vue du Parlement du Canada, cet édifice historique et ses jardins sereins attirent chaque année des centaines de visiteurs locaux et internationaux.

Au début du vingtième siècle, alors qu’Ottawa prenait l’ampleur d’une capitale, le site a abrité les Archives nationales (1905-1967), puis, plus tard, le Musée canadien de la guerre (1967-2005). La construction de l’édifice a été réalisée entre 1904 et 1906 par l’architecte en chef du Dominion David Ewart, qui est à l’origine d’autres réalisations notables à Ottawa, dont les édifices de la Monnaie royale du Canada et le Musée canadien de la nature.

Après les années de restauration prise en charge par Son Altesse l’Aga Khan dans le cadre d’un partenariat avec le gouvernement du Canada, l’édifice du 330, promenade Sussex a été transformé en site qui relie à nouveau les cultures et rétablit un lien entre l’édifice et son environnement naturel. Il a été inauguré à titre de siège social du Centre mondial du pluralisme en mai 2017.

    RECONNAISSANCE DU TERRITOIRE

    ET DE L’HISTOIRE AUTOCHTONE DE CE SITE

    Le siège social du Centre est situé sur le territoire non cédé de la nation algonquine Anishinabeg, près de la confluence de la rivière des Outaouais avec la rivière Gatineau et la rivière Rideau. Le Centre mondial du pluralisme reconnaît que les Algonquins sont les intendants coutumiers du bassin hydrographique de la Kichi Sibi (rivière des Outaouais) et de ses affluents. Il les honore en tant que peuple hôte et les remercie pour sa longue histoire d’accueil de nombreuses nations sur ce site qui revêt une grande importance spirituelle et sociale. Le Centre est honoré de nous trouver sur ce territoire.

      Le Canada se penche présentement sur son traitement historique et contemporain du territoire des Premières Nations, notamment sur les traités territoriaux contestés qui ont altéré l’infrastructure et les modes de vie des communautés autochtones. Il se penche également le système des pensionnats autochtones qui, pendant près d’un siècle, a retiré de force des enfants autochtones de leur familles pour les placer dans des environnements hostiles où des milliers d’entre eux ont subi un traumatisme sévère et des abus, et auquel plusieurs enfants n’ont pas survécu. On estime que plus de 3 200 enfants sont décédés dans ces « écoles ». À la fin d’août 2021, plus de 1 300 tombes anonymes avaient été découvertes sur divers sites d’un bout à l’autre du pays, et d’autres tombes devraient être découvertes avec la poursuite des enquêtes. En 2015, la Commission de vérité et réconciliation du Canada a publié un rapport en plusieurs volumes concluant que le système des pensionnats autochtones a entraîné un génocide culturel. Elle a lancé 94 appels à l’action pour avancer vers la réconciliation entre les Canadiens et les peuples autochtones.

      En 2021, dans le cadre de son propre cheminement vers la réconciliation, le Centre mondial du pluralisme a commandé une recherche historique selon une perspective autochtone sur la rivière et le territoire entourant son siège social à Ottawa. Le rapport, Là où la promenade Sussex rencontre la Kichi Sibi : Histoire et pluralisme au 330, Sussex,  d’Archipel Research & Consulting, une entreprise autochtone dirigée par des femmes, documente les nombreux volets de la douloureuse histoire liée à ce lieu. Tout en soulignant l’importance de ce site comme lieu significatif pour l’établissement de relations, le rapport met en évidence la façon dont la colonisation et la transformation d’Ottawa en capitale nationale font partie d’une histoire de violente dépossession et d’assimilation forcée des Premières Nations. L’héritage de ce magnifique site est profondément lié aux moments de fierté et aux zones sombres du passé colonial du Canada.

      Comprendre notre passé commun d’après toutes les perspectives est une étape essentielle du cheminement vers la réconciliation. Nous encourageons les visiteurs à lire et réfléchir à cette histoire au fur et à mesure que nous avançons vers une nouvelle relation de guérison entre la société canadienne et les peuples des Premières Nations sur ce territoire.

      LE 330, SUSSEX DANS UNE CAPITALE NATIONALE EN ÉMERGENCE

      Ottawa a été nommée capitale du Dominion du Canada en 1867. La décision de construire les Archives nationales au 330, promenade Sussex faisait partie d’une vaste initiative dirigée par le premier ministre Sir Wilfrid Laurier afin de transformer la capitale en prestigieuse destination et centre de développement intellectuel. Les nouvelles archives publiques situées au 330, promenade Sussex seraient un lieu où les dossiers historiques du Canada seraient consignés, préservés et étudiés. De nombreuses caractéristiques de la conception de l’édifice reflétaient sa vocation initiale : les grandes fenêtres laissaient entrer suffisamment de lumière pour consulter les documents; plusieurs espaces ouverts pouvaient être aménagés avec de grandes tables, des étagères et des expositions; et les matériaux de construction ignifuges assuraient la protection des documents historiques.

      Construite entre 1904 et 1906, l’aile originale du 330, Sussex est un édifice en pierres de trois étages doté d’une entrée de style gothique Tudor, qui s’apparente à d’autres édifices fédéraux patrimoniaux à Ottawa, dont les édifices sur la Colline du Parlement. En 1925, une autre aile a été construite pour répondre au nombre croissant de dossiers d’archives. Cet ajout a été construit en angle droit dans l’espoir qu’une troisième aile serait ajoutée le long du côté nord pour s’adapter à la croissance de l’institution.

        Les archives et les édifices parlementaires partagent plus qu’un style architectural, ils partagent également un entrepreneur en bâtiment. Dans les communautés algonquines, il est largement reconnu que le mortier utilisé pour cimenter les briques des édifices parlementaires contient du sable extrait d’un des quatre sites de sépultures algonquins de la région, dont un qui se situe de l’autre côté de la rivière, en face de la Colline du Parlement, près de l’actuel site du Musée canadien de l’histoire. Il est possible que l’entrepreneur ait utilisé quelques-uns des mêmes matériaux pour construire le 330, Sussex.

        Lorsque les archives ont été déplacées dans un nouvel établissement, l’édifice a été adapté pour abriter le Musée canadien de la guerre et sa vaste collection d’artéfacts, de tableaux et d’archives de guerre acquise depuis 1880. La collection du Musée de la guerre a fini par dépasser la capacité de l’établissement et, en 2005, le musée s’est installé dans son édifice actuel sur les plaines LeBreton en plein cœur d’Ottawa.

          REPRENDRE CONTACT AVEC LA PUISSANCE DE LA RIVIÈRE

          Le 330, Sussex est resté vacant jusqu’à ce qu’un partenariat entre le gouvernement du Canada et la Fondation Aga Khan entame le processus de restauration de l’édifice afin de le transformer en nouveau siège social international du Centre mondial du pluralisme. L’édifice deviendrait alors un centre mondial consacré à la recherche, à l’apprentissage et au dialogue sur les valeurs, les politiques et les pratiques qui font progresser le respect de la diversité tant au Canada que dans le monde.

          En plus de son rôle dans l’histoire du colonialisme et de l’édification de la nation du Canada, l’emplacement du site surplombant la Kichi Sibi possède une force spirituelle naturelle qui attire divers peuples les uns vers les autres depuis des millénaires. La reconception de l’édifice par la firme d’architecture canadienne primée KPMB Architects comprend notamment une baie vitrée de trois étages qui ouvre l’arrière de l’immeuble sur la rivière, symbolisant le rôle envisagé du Centre comme lieu de rencontre et de pont entre diverses perspectives et cultures. Aujourd’hui, l’édifice est un endroit qui accueille tout le monde et qui célèbre nos différences.