Comment le pluralisme favorise-t-il le Programme de développement durable?

Le pluralisme est essentiel à la réalisation des objectifs de développement durable

Le pluralisme est dans l’ADN des Nations Unies. Le pluralisme est la seule façon, selon moi, de ne laisser personne pour compte, d’aborder efficacement les défis mondiaux auxquels nous faisons face et de faire avancer la paix et la prospérité pour tous.

Amina J. Mohammed
Conférence annuelle sur le pluralisme 2019, Lisbonne, Portugal

À la source de nombreux défis mondiaux soulignés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 se trouvent des enjeux liés à la diversité, particulièrement l’inégalité et l’exclusion. Les différences ethnoculturelles, religieuses, autochtones ou sexospécifiques aggravent cette exclusion.

Les sociétés sont plus pacifiques et prospères lorsqu’elles sont inclusives. Toutefois, les sociétés inclusives requièrent un leadership, un engagement à éliminer les obstacles à l’inclusion et des efforts pour réduire les inégalités.

Bâtir des sociétés inclusives requiert des réponses institutionnelles et un changement comportemental qui s’assurent que chaque personne est reconnue et possède un sentiment d’appartenance.

En juin 2019, Amina J. Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations Unies, a prononcé la Conférence annuelle sur le pluralisme 2019, intitulée Comment le pluralisme favorise-t-il le Programme de développement durable? Mme Mohammed a abordé l’urgent besoin de pluralisme pour réaliser les ODD et a souligné les dangers posés par les inégalités croissantes.

Selon Mme Mohammed, des actions et des investissements sont nécessaires si les pays veulent atteindre leurs objectifs de développement : « Soyons honnêtes, l’inégalité grandit au sein des pays et entre ceux-ci. Le taux de chômage des jeunes est alarmant et l’intolérance, l’extrémisme, le nationalisme et la xénophobie sont en hausse. »

Même si des progrès sont réalisés pour résoudre la pauvreté et améliorer la santé maternelle, des inégalités croissantes compromettent les gains dans d’autres secteurs et, dans le pire des cas, alimentent le conflit et la migration forcée.

    Son allocution a lancé un appel à l’action, encourageant les acteurs clés à entreprendre de nouvelles actions audacieuses ou à faire des « changements radicaux » afin de réaliser les ODD. Les trois changements qu’elle a soulignés étaient :

    • Un changement à l’échelle des mentalités afin de s’éloigner de l’accumulation des richesses par un petit nombre et de l’exclusion d’un grand nombre pour se rapprocher d’un paradigme fondé sur l’interdépendance des uns et des autres et à notre environnement.
    • Un changement à l’échelle des solutions politiques pour qu’elles se fondent sur des gains mutuels plutôt que sur la pensée à somme nulle.
    • Un changement à l’échelle de la sécurité, qui ne devra plus répondre à une définition caractérisée par l’accumulation d’armes et le renforcement des frontières, mais par des sociétés résilientes et le respect mutuel les uns pour les autres, et en particulier pour notre planète.

    La recherche du Centre en éducation, en gouvernance, en justice, en droits de la personne, en consolidation de la paix, en prévention du conflit et en mesure de l’inclusion fait progresser le Programme 2030 en appuyant ses partenaires, y compris des décideurs politiques et des praticiens, le secteur privé, la société civile et des leaders communautaires afin de « ne laisser personne pour compte ».

    Éducation

    L’éducation est essentielle à l’avancement du pluralisme et à la réalisation du développement humain durable. L’exclusion et l’inégalité dans l’accès à l’éducation peuvent limiter les occasions dans les sphères politiques et économiques ainsi que la mobilité sociale. Garantir un accès équitable à une éducation de qualité (ODD 4) peut contribuer à réaliser des résultats transformateurs à long terme dans les comportements et attitudes nécessaires pour faire avancer et pour entretenir le pluralisme ainsi que pour bâtir des sociétés inclusives. Le Centre élabore actuellement un cadre pédagogique pour développer les compétences, les attitudes, les connaissances et les valeurs qui permettront aux élèves de contribuer à des communautés sécuritaires, pacifiques et prospères où la diversité est perçue comme une source de force et d’innovation.

    Pour contribuer à réaliser les cibles de l’ODD 4, le prochain programme du Centre mondial du pluralisme cherche à :

    • Outiller le personnel enseignant avec les connaissances, les compétences et la confiance nécessaires pour aborder les enjeux liés à la diversité dans la classe.
    • Développer la capacité des jeunes à aborder les différences de façon efficace, respectueuse et productive, en ligne et hors ligne.
    • Habiliter les leaders du domaine de l’éducation pour qu’ils et elles élaborent des stratégies pour renforcer l’inclusion dans les écoles.

      Gouvernance, justice et droits de la personne

      Sans la justice pour tous, le monde ne sera pas capable de mettre un terme à la pauvreté, de réduire les inégalités, d’atteindre les personnes les plus éloignées ou de créer des conditions pour une prospérité, une paix et une inclusion partagées et durables. Le Centre croit que les droits de chaque personne, quelles que soient la race, l’ethnie, la religion ou l’indigénéité, méritent d’être pleinement protégés par la loi. Malheureusement, le rapport Justice pour tous estime qu’environ 235 millions de personnes vivent dans d’extrêmes conditions d’injustice, y compris dans des conditions d’esclavage, d’apatridie et de grande insécurité physique.

      Pour souligner les lacunes de la justice mondiale et parler des réalités et des implications du Programme 2030, le Centre s’est associé au Groupe de travail sur la justice et au Centre de recherches pour le développement international (CRDI) pour le lancement canadien du rapport Justice pour tous.

      Le groupe de spécialistes a souligné qu’une approche axée sur les gens est cruciale à la diminution des lacunes de la justice. Faire avancer l’inclusion et l’accès à la justice ne peut pas être simplement remis entre les mains du gouvernement. Afin d’aborder les taux élevés d’injustice, particulièrement envers les groupes vulnérables, leurs voix doivent être entendues et leur participation, activement recherchée.

        Consolidation de la paix et prévention du conflit

        Les efforts pour renforcer l’inclusion et réduire les inégalités entre les groupes sont essentiels à la promotion de la paix et à l’évitement du conflit. Le conflit déstabilise et polarise les sociétés, mine l’intégrité et l’efficacité des institutions, renverse les progrès du développement et détruit les vies et les moyens de subsistance de ceux et celles qui sont pris au milieu.

        Le Centre reconnaît l’importance d’identifier et de mitiger les sources de conflit afin que les sociétés réalisent le Programme 2030. Pour soutenir les acteurs nationaux et internationaux axés sur la prévention du conflit et sur la promotion de la consolidation de la paix, le Centre s’est associé avec le CRDI pour organiser les lancements canadien et kényan du rapport conjoint de l’ONU et de la Banque mondiale Chemins pour la paix : Approches inclusives et prévention des conflits violents. Au Kenya, le Centre a tenu une série d’événements en compagnie de spécialistes pour discuter des résultats du rapport et offrir une perspective kényane des défis et des succès du développement, de l’inclusion et de la prévention du conflit.

        Le Centre soutient également le travail de la Kényane Alice Wairimu Nderitu, artisane de la paix, médiatrice de conflit et défenseure de l’égalité des sexes, ainsi que lauréate du Prix mondial du pluralisme de 2017. Alice a contribué aux négociations de paix entre les groupes ethniques après la violence postélectorale de 2007-08 au Kenya et a dirigé des efforts visant à garantir le déroulement pacifique du référendum constitutionnel de 2010 et des élections de 2013. Pour en lire plus sur l’approche d’Alice envers le pluralisme, cliquez ici.

          Mesurer l’inclusion

          Le manque d’accès à des données exactes, opportunes et ventilées nuit aux efforts visant à mesurer, et par conséquent à aborder, l’exclusion et l’inégalité.

          Le Sommet sur les ODD (24-25 septembre 2019) est une occasion pour chefs gouvernementaux des 193 pays qui se sont engagés à réaliser le Programme 2030 de faire un suivi et d’effectuer une révision minutieuse du progrès réalisé envers les 17 objectifs. Cinq ans se sont écoulés depuis la présentation des ODD. Durant cette période, les gouvernements ont commencé à appliquer des politiques et à développer des stratégies pour réaliser les objectifs, mais le manque de données disponibles sur de nombreux indicateurs complique énormément le suivi du progrès.

          En réponse au défi posé par le manque de données, le Centre élabore actuellement un Indice mondial du pluralisme, un outil complet visant à mesurer l’état de l’inclusion, de l’exclusion et des inégalités dans les sociétés diversifiées du monde entier. Actuellement en phase pilote, l’Indice fera une importante contribution au Programme 2030 par des données et des analyses pour savoir où se produisent les inégalités et l’exclusion dans la société, qui est laissé pour compte et comment, et quels sont les chemins vers une plus grande inclusion.